Home Actualités Autres nouvelles Une opportunité attrayante
Mercredi 02 Mai 2012 07:28

Une opportunité attrayante

Évaluer cet élément
(0 Votes)

Moses Nganwani Tia

L’audioconférence permet d’améliorer les services de vulgarisation dans le nord du Ghana et incite les jeunes des zones rurales à faire carrière dans l’agriculture.

Savannah Young Farmers Network (SYFN) est une ONG de jeunes Ghanéens qui se sert des TIC pour offrir des services de conseils agricoles et ruraux et pour inciter les jeunes à se lancer dans le métier d’agriculteur. Pour ce faire, ils ont notamment lancé le projet Audio Conferencing for Extension (ACE) dans quelques communautés du district de Builsa, dans le nord du pays.

ACE veut aider les jeunes paysans à affronter les problèmes de vulgarisation agricole : des services irréguliers, dont le contenu est élaboré sans eux, et des méthodologies généralement peu attrayantes, qui ne présentent pas l’agriculture comme un possible métier, alors que le déclin constant de la productivité les pousse vers la chimère des emplois urbains.

ACE se sert de l’audioconférence pour organiser régulièrement des rencontres entre ces jeunes, les responsables agricoles du SYFN, des experts en vulgarisation agricole, des agronomes, des professionnels des TIC et des chercheurs de diverses institutions. Le SYFN travaille actuellement avec 25 associations paysannes, regroupant plus de 200 exploitants. Chaque association participe à deux audioconférences par semaine, mais peut toujours, en cas de besoin, demander une réunion d’urgence.

Des informateurs agricoles communautaires (IAC) sont aux côtés des paysans pour faciliter la discussion et veiller à ce que ceux-ci puissent exprimer leurs préoccupations et leurs demandes, et s’impliquer activement dans l’élaboration du conseil de vulgarisation. Un téléphone portable muni d’une fonction d’audioconférence et raccordé à un haut-parleur externe leur permet d’écouter les réponses des conseillers. Pour parler, ils doivent se tenir à proximité de l‘appareil.

L’IAC envoie par la suite un rapport de l’audioconférence pour s’assurer que les paysans ont bien compris les réponses fournies par le SYFN et les autres participants. Chaque IAC dispose d’un laptop pour taper ses rapports, se connecter à Internet et communiquer directement avec le siège du SYFN via une application VOIP (Voice Over Internet Protocol) comme Skype.

Des IAC ont été formés au maniement de caméras numériques pour réaliser des petits documentaires montrant les défis rencontrés par les paysans, et les solutions trouvées. Quand ils le peuvent, les IAC passent par un centre de recherche et d’information agricole (CRIA) ayant un accès à Internet pour télécharger leurs courts-métrages sur YouTube, où les collaborateurs du SYFN et d’autres chercheurs du projet peuvent les consulter. Dans les zones sans Internet, les vidéos sont sauvegardées sur des cédéroms qui sont remis aux collaborateurs du SYFN lors de leur visite hebdomadaire.

Des vidéos ont déjà été tournées sur l’invasion des mauvaises herbes, certains nuisibles et maladies végétales et animales, des exploitations modèles, les succès et les difficultés de la gestion de l’après-récolte. Avec ces vidéos, le personnel du SYFN et d’autres projets peuvent élaborer des conseils de vulgarisation ciblés ou d’ordre plus général.

Avantages collatéraux

Grâce au programme ACE, les paysans reçoivent les informations de vulgarisation au moment où ils en ont besoin, à temps pour résoudre le problème, accroître la productivité et améliorer leurs conditions de vie. Cette évolution, conjuguée à d’autres initiatives du SYFN basées sur les TIC, a conduit de plus en plus de jeunes des communautés visées à embrasser la carrière agricole et à se regrouper en associations paysannes.

Des formations spécifiques aux métiers agricoles ont incité des jeunes à créer diverses entreprises d’un bout à l’autre de la filière. Conséquence : des améliorations dans le système, la création de nouveaux emplois et un ralentissement de l’exode rural. « La technologie me permet de parler de mes problèmes avec des experts qui me conseillent aussitôt », déclare un jeune paysan. Et d’ajouter : « C’est bel et bien ce qui m’a attiré vers le monde agricole depuis que je suis revenu de la ville. »

Les communautés où le projet a été mis en œuvre ont enregistré une augmentation notable du nombre de jeunes restés au pays pour y cultiver la terre. L’agriculture apparaît comme un métier rentable, qui vaut le temps et les efforts investis. Jeunes ou vieux, les paysans savent où trouver et comment exploiter les conseils de vulgarisation. Ils acquièrent de nouvelles compétences qui enrichissent le savoir de la communauté et leur font trouver des solutions à leurs problèmes, agricoles ou autres. La sécurité alimentaire, par exemple, s’est améliorée parce que la plupart des paysans ont augmenté leur productivité.

Vu le succès d’ACE et d’autres projets bâtis autour du téléphone portable, de logiciels spécialisés et d’autres TIC, le SYFN est persuadé que les conseils de vulgarisation ne peuvent plus se passer de la technologie, car c’est elle qui laisse entrevoir de réels débouchés pour les jeunes dans l’agriculture, et qui fait que l’agriculture a un avenir dans les zones rurales.

Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. est directeur exécutif du Savannah Young Farmers Network (SYFN)

Dernière modification le Mercredi 02 Mai 2012 07:48
 

Focus

ICT and Youth in Agriculture in Africa (Report)