Home News Project News Migration : un gage pour vivre « local » ; penser « global »?
Monday, 12 August 2013 15:00

Migration : un gage pour vivre « local » ; penser « global »?

Rate this item
(0 votes)



Je suis originaire d’un petit village en France appelé « Toutlemonde ». Je ne suis pas bien que ça ait influencé ma destiné mais le fait est que je suis doublement représentative et de l’exode rurale, et de l’émigration.

Les zones rurales sont pour moi l’opposé de ce que je peux entendre de mes paires en Afrique et Asie. La campagne, c’est pour moi l’excellence en termes de qualité de vie. Y a-t-il rien de plus beau que la nature avec son éventail de couleurs incroyables, ses formes et ses odeurs, ses silences profonds et sa tranquillité seulement interrompue par le chant des oiseaux, le sentiment de paix des goutes de pluies et des orages intenses et plein de force ? Y a-t-il quelque chose de plus merveilleux que de la nourriture fraiche : le pain encore chaud acheté à la boulangerie du coin, des légumes plein de goût du jardin familial ou du marché, une viande tendre prise chez le boucher ?

Dès l’âge de 6 ans, je revenais à pied de l’école, à pieds, seule avec ma voisine (8 ans), sans aucun problème tant le lieu était paisible. J’ai ensuite découvert la qualité de l’éducation en zone rurale : lorsque j’ai commencé le collège dans la ville à coté, les deux premières années m’ont semblées comme des révisions de ce que nous avions appris auparavant, du moins en maths et français. Les zones rurales sont aussi synonymes de « paradis » pour de longues revigorantes marches, et il y a en effet peu d’alternatives possibles, lorsque j’ai vraiment besoin de me ressourcer et de recharger de nouveau mes batteries, à retourner dans mon nid familial, mon cocoon.

Il doit sembler plutôt masochiste alors de quitter un tel Eden ! Je crois qu’il y a une raison clé à cela et ça n’a rien à voir avec une possible « honte » d’être « rurale ». Encore et toujours, quand j’en ai assez du brouhaha du Monde, sa masse de (dés)information, son poids de drames, je rêve de tout quitter pour le « ding dong » des cloches des vaches et devenir bergère dans les Pyrénées (montagne française/espagnole).

La raison pour laquelle je vis actuellement en ville et à l’étranger, c’est le besoin de vivre DANS ce monde global malgré ou à cause de son pesant d’histoires moins roses : j’avais l’impression de suffoquer, bloquée et sans pouvoir d’action, dans ma petite bulle de paradis où la majorité a le même mode de vie, la même définition pour « normal » et « évident », et où il est facile de fermer la porte aux problèmes du monde. Ne pas être conforme aux perspectives locales et aux lois « sociales » communes conduit alors a être jugé et condamné pour être « anormal », et pour briser l’harmonie. De plus, il est triste de voir comme il est facile d’oublier et de nier la nature d’être humain des autres lorsqu’ils nous semblent trop différents de nous.

Travailler à « construire un monde meilleur » a tout l’air du cliché idéaliste de l’adolescent, mais je ne peux nier le fait que ce soit toujours mon motto. A vrai dire, je suis tout à fait consciente de la chance que j’ai de ne pas avoir d’autres priorités jusque là. Construire un monde meilleur, c’est d’abord, reconnaitre chaque être humain en tant que tel, je pense. Je suis convaincue que pour que cela soit possible, il nous faut mieux comprendre et avoir conscience des points de vues et perspectives différentes, et ceci ne peut se faire qu’en rencontrant des gens d’autres régions du monde.

Une fois que tu commences à regarder les choses à travers différentes perspectives, tu comprends alors que l’harmonie de ta communauté n’est peut-être pas la meilleure formule pour l’accomplissement de tout être humain et pour l’environnement, et que ton confort doit peut-être être bouleversé un peu pour le bien des autres et un équilibre mondial. C’est la limite que je vois dans les zones rurales et dans toute autre zone refermée sur elle-même. Brassens l’exprime bien dans
« la ballade des gens qui sont nés quelque part ».

La migration des jeunes, pour moi, permet aux jeunes générations d’enlever leur « œillères » et les incite à regarder le monde comme un tout. Les expériences d’émigrations peuvent aider les personnes à devenir des « citoyens du monde » en plus de leurs identités locales et nationales. Je pense que c’est fondamental pour « faire avancer le Développement » pour tous et d’une façon durable.

Les médias sociaux et internet en général, pour moi, contribuent beaucoup à cela. Je vois beaucoup d’espoir dans les TICs, pour permettre aux personnes de vivre les bénéfices de la migration : l’élargissement de leurs perspectives sans déserter le cœur de la sécurité alimentaire et nutritive, son champ d’opportunités et son art de vivre : les zones rurales.

Article écrit par Marina Cherbonnier (France) dans le cadre de la série de blog sur les jeunes et la migration à l'occasion de la journée mondiale de la jeunesse 2013, organisée par le YPARD, le projet ARDYIS du CTA, le FIDA et la plateforme e-Agriculture.

Photo - crédit: Marina Cherbonnier

Last modified on Tuesday, 13 August 2013 16:01
 

Focus

ICT and Youth in Agriculture in Africa (Report)